On a gagné !!!
rideau

Ce 14 mai à 3 heures du matin les Algérois les plus raisonnables vont regagner leur foyer, ivres d'avoir tant crié, heureux de ce bain de foule et de fraternité, tout à la joie de leur victoire. Car ce qui se passe à Paris, on s'en fout. Ici, c'est l'armée qui est au pouvoir.
Dans l'ombre, les compagnies parachutistes se regroupent. Elles ont fait évacuer le G.G. On prépare maintenant le cantonnement pour ce qui reste de nuit. Les bureaux, les couloirs serviront de dortoirs. Partout on bute dans des sacs. Partout il y a des armes. A l'extérieur, des sentinelles veillent. Autour du G.G. les bazookas et les 106 sont en batterie prêts à recevoir ceux qui voudraient, au nom de la République, mettre des bâtons dans les roues de la révolution en marche. C'est l'occupation militaire du G.G., vieux paquebot aveugle dont l'équipage s'est mutiné. Le silence recouvre peu à peu le Forum jonché de débris, de papiers, de canettes de bière, de carcasses de voitures éventrées.
Seules les fenêtres du premier étage sont encore éclairées. Un para explique aimablement à un couple d'incorrigibles insomniaques :
« Là, c'est le bureau de Salan, là, c'est celui de Massu...
Cette fois-ci, fils, on a gagné, dit l'homme. Les pourris, tous balayés, ajoute la jeune femme. Oui, admet le léopard avec fatuité, on peut dire qu'aujourd'hui on n'a pas mal joué. Allez... bonne nuit.

paras 1958
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Manif du 13 mai 1958